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J'ai compris

C'est la centième ! Les chiffres ronds nous fascinent. Nous nous accrochons à ces signes de cycles pour conjurer la fuite des présents que nous laissons échapper, ou pour y voir des occasions de bilans et de pause dans nos projets précipités, ou bien encore nous essayons de les regarder comme les tremplins de nos élans. Regardez-le bien, ce nombre 100. Le saviez-vous, il est la somme des neuf premiers nombres premiers et la somme des cubes de quatre premiers entiers naturels1 Allons, quand on cherche on peut en trouver des choses : par exemple 2021=43*47, la belle affaire !

Cent mois ce n'est pas si vieux pourtant, un peu plus de huit ans. Mais ça se fête ! Cent fois sur l'ouvrage il aura fallu choisir les sujets, cent fois il aura fallu trouver les mots. Et c'est l'occasion de saluer la besogne ingrate et invisible qui produit ces lettres régulières qui nous rappellent à être plus libres, que cela dépend de nous, que nous pourrions faire ensemble, que nous pourrions nous bouger2. Cent mois sans moi ?

Avant de prendre la plume, j'ai relu pour l'occasion la conférence de Roberto Di Cosmo pour les 10 ans de l'Adullact3. Nous sommes attendus parce que nous sommes avant tout une structure de mutualisation. Ah ! Mais tout le monde fait cela bien-sûr de mutualiser… La mutualisation fait rage ! Nous, nous disons que mutualiser ensemble, c'est mieux. Cela me rappelle une question que j'avais posée à la personne qui était sur le stand du Brésil au Sommet Mondial pour la Société de l'Information (à Tunis en 2005). Elle disait à qui voulait l'entendre que l'Administration du Brésil était en logiciel libre. Je lui ai demandé s'il y avait une forge pour les logiciels métiers. Elle n'a pas compris la question, alors j'ai précisé : "Ça change quoi pour les autres ?"

On peut en effet mutualiser dans son coin. Entre soi. On peut partager entre nous et tant pis pour les autres. Il faut donc préciser: l’Adullact est une structure de mutualisation ouverte. Nous partageons au delà de l'Adullact, évidemment.

2020 a vu l'adhésion à notre association d'une très vénérable structure de mutualisation, devant laquelle l'Adullact semble bien petite : l'AMUE (l'Agence de Mutualisation des Universités et Établissements). Excusez du peu : l’administration d’une centaine d’universités ! Linus Torvalds a dit du logiciel qu'il était comme l'amour : mieux quand il était gratuit. Je risque une formule : la mutualisation est comme une porte, c'est mieux quand elle est ouverte.

La centième lettre de l'Adullact ouvre l'année 2021. Disons surtout qu'elle ferme l'année 2020... dont nous nous souviendrons ! Les crises sont des accélérateurs de tendances, parce qu'elles sont des défis à la volonté. Celle-ci va nous laisser sur le flanc : endeuillés, meurtris et appauvris. Mais nous n'avons pas le choix : regardons devant. Nous nous relèverons d'autant plus vite que nous saurons tirer parti de nos vraies richesses : elles ne sont pas dans les banques. Notre richesse est dans notre capacité à nous dire avant d'agir : ça change quoi pour les autres ? Par exemple lorsque nous passons un appel d'offres, lorsque nous recrutons un collaborateur, lorsque nous prenons une décision.

Au seuil de cette année que je nous souhaite meilleure, je voudrais vous livrer un rêve. Pour le prix d'une voiture, la ville d'Angoulême avait, pour la fête de l'internet 2002, fait graver un CdRom plein de logiciels libres, distribué avec le journal municipal, à 26000 exemplaires si mes souvenirs sont bons4. J'avais fait écrire mon rêve sur la jaquette des CD: "La communauté des logiciels libres est une bonne image de la société dont je rêve : une société où des individus différents communiquent, partagent ce qu'ils sont de meilleur, et où ils vivent de la valeur qu'ils ajoutent au monde, avec des organisations légères, horizontales, très peu coûteuses et très efficaces."

Rejoignez l'Adullact ! Ensemble, nous le bâtirons, ce patrimoine commun de logiciels métiers sur fonds publics. Et ça changera tout pour les autres !

 

François Elie
Président de l'ADULLACT

 

1 2 + 3 + 5 + 7 + 11 + 13 + 17 + 19 + 23 = 1³ + 2³ + 3³ + 4³ = 100. 

2 La Boétie, dans De la servitude volontaire nous rappelle qu'ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. Il parle des puissants. On murmure qu'il en est ainsi, dans le monde du numérique : leur force, c'est notre désunion.

3 Il nous a donné rendez-vous pour les 20 ans. C'est bientôt ! En septembre 2022.

4 C'est à la suite de cela que l'on m'a invité à co-fonder l'Adullact.