Emmanuel Grégoire (1er adjoint à la ville de Paris), Jean-Christophe Becquet (président de l’April), Jacob Green (fondateur de MossLabs.io), Jean-Baptiste Kempf (Président de VideoLAN), Cédric Thomas (consortium OW2), et François Elie (président de l’Adullact), signent ensemble une tribune publiée sur Libération pour appeler les villes à utiliser des logiciels libres.
Aujourd'hui débute à Paris un forum co-organisé par la ville de Paris, MossLabs et OW2 pour discuter de l’avenir de la collaboration entre les villes en matière de logiciels libres. Avec son logiciel libre Lutèce, qui fut l'un des premiers projets d'envergure déposés sur la forge adullact.net, la ville de Paris est l'une des pionnières en matière de logiciel libre. Comme de nombreuses collectivités depuis, elle défend l'usage du libre comme outil de co-innovation au service des citoyens.
Pour les villes, c’est tout d’abord un gain économique important. Plutôt que de redévelopper, à l’échelle de territoires parfois très petits, des nouvelles solutions technologiques à partir de zéro, le logiciel libre permet aux collectivités de réutiliser des logiciels créés par d’autres, afin d’acquérir des services numériques à moindre coût. Comme l’explique la campagne Public Money Public Code, en dehors de l’aspect financier, il est aussi logique, que les logiciels financés par l’impôt soient publiés sous licence libre.
Le logiciel libre permet d'oeuvrer à la constitution de biens communs numériques, de participer aux innovations technologiques, et de réfléchir collaborativement aux nouveaux besoins des usagers. Respectueux des données, ces outils viennent prendre le contre-pied des grandes entreprises du numérique, dont le monopole est en partie lié à la captation et à l'exploitation massive de nos données personnelles.
Enfin, par définition transparents car ouverts, les logiciels libres participent à la dynamique d'Etat ouvert, et leur usage semble alors tout indiqué dès lors que l'on souhaite rendre la vie politique et publique plus transparente. Ainsi, à Paris, les outils de participation citoyenne (budget participatif, plateforme de consultation publique, rendez-vous des élus avec les lobbyistes) sont sous licence libre. Car ces plateformes et ces informations relèvent du bien commun.
Aujourd'hui, beaucoup d'acteurs publics restent encore méfiants vis-à-vis de ces outils libres. Sont-ils assez sécurisés ? Pourtant, "si la communauté de développeurs est suffisamment importante, l’open source offre de meilleures garanties de sécurité qu’un code fermé mais beaucoup moins relu. Au niveau technique mais aussi à d’autres niveaux : pas de risque de faillite d’un prestataire, de fuite des données ou de surfacturation !" Le libre reposant en grande partie sur sa communauté, plus une communauté s'agrandit, plus il est facile de maintenir et sécuriser le logiciel.
De fait, même si des initiatives passionnantes existent déjà à travers le monde, les signataires de cette tribune lancent un appel aux villes du monde entier pour créer une communauté internationale du logiciel libre à destination du service public. Espérons que de nombreuses collectivités entendent cet appel.
Lire la tribune : Logiciel libre : il faut mettre la technologie au service des villes et des citoyens sur Libération